Voilà un sentiment avec lequel je vis depuis de nombreuses années….14 pour être précise.

Tout a commencé lors d’un énième départ à l’hôpital de ma mère. Le deuz avait 2 mois et demi. Quand elle m’a appris son départ, j’ai cru qu’elle reviendrait le soir même, comme les autres fois depuis un an et demi.

Elle n’est jamais revenue.

Surdosage médicamenteux (qu’elle avait bien pris soin de cacher à tous, surtout à ses soignants). Anorexie inquiétante, descendue à 40 kg (elle avait des compléments depuis des mois). Et surtout cette idée fixe que sa gastrite chronique était un cancer que les médecins refusaient de lui avouer.

Elle a erré, entre les différents services de l’hosto et les centres de cure, pendant 1 an. Puis, à l’approche de ses 60 ans, l’assistante sociale du centre de cure lui/nous a mis le couteau sous la gorge : si on refusait le placement en EHPAD, c’était les poursuites. Elle ne pourrait plus vivre seule.

A l’époque, les totaux étaient sans appel : un retour chez elle impliquait le double de dépense. C’est donc la mort dans l’âme que nous avons accepté, elle et moi.

Mais depuis, c’est un crève-cœur quand je la quitte. J’avais naïvement pensé qu’à proximité de moi (sa maison à 3 mn à pied de mon domicile), elle aurait passé ses vieux jours près de moi. Là, elle est dans la ville d’à côté et pourtant à 40 mn de trajet en voiture.

L’anorexie est partie mais elle garde une épée de Damoclès au dessus de la tête : si elle ne finit pas ses assiettes, ils remettent la sonde gastrique. Elle n’en finit pas de grossir…

S’est rajouté une fracture du col du fémur, le personnel n’ayant pas le temps de la faire marcher par manque de temps…là voilà n’osant plus marcher depuis. J’avais réussi pendant 4 ans à pouvoir la faire revenir passer une journée par ci par là chez moi.

Et puis il y a eu le Coco… elle qui n’aimait pas sortir s’est vu coincer là-bas de long mois. Depuis, elle ne veut plus venir chez moi. Elle a à nouveau peur de marcher quelques pas pour entrer chez moi et même de monter dans ma voiture. Depuis cet été elle ne fait même plus les sorties avec la résidence.

Et moi, moi je me sens coupable de sa situation. Je sais que ses problèmes mentaux datent d’avant même ma naissance mais voilà…

Quand je voyais mon ancien coiffeur s’énerver en temps de Covid sur ces personnes indignes qui laissent leurs vieux dans un mouroir et qu’ils feraient mieux de ne pas se plaindre…Cette personne là, c’est un peu moi.

J’essaie depuis de me dire qu’au niveau EHPAD, elle aurait pu tomber sur bien pire, qu’ils ont réussi à le faire “remonter” la pente, qu’elle est bien (trop ?) nourrie, changé… je culpabilise. Je crois que je culpabiliserai jusqu’à la fin de ma vie.

Profitez bien de vos proches, quand ils sont en (relative) bonne santé…ça va tellement vite la vie….

Étiqueté dans :