20 mars 2009 : je suis une toute jeune maman bi-classée, WonderKid est né il y a presque 3 mois. Le téléphone sonne. Ta voix au bout du fil : “Valérie, le docteur est inquiet pour moi, il m’envoie à l’hôpital“. Machinalement je retiens le nom de l’hôpital mais je ne réagis pas. Sans doute une réaction due aux nuits hâchées depuis 1 an déjà, au fait aussi que chaque semaine depuis un an, je reçois le même coup de fil. Dans ma tête, comme toujours, en fin d’après-midi, tu me retéléphoneras pour me dire que tu es rentrée, qu’il faut aller te chercher une boîte de Gaviscon et une autre de Doliprane à la pharmacie.
Sauf qu’au soir, le téléphone n’a jamais sonné. Le lendemain j’ai appelé l’hôpital. Oui ce coup-ci tu restes le temps qu’ils te soignent. Mais ce que je ne savais pas, c’est que tu n’allais jamais rentrer chez toi, que tu allais errer entre hôpitaux, un séjour en réa 2 mois après où tu as frôlé la mort et centres de convalescence pendant une année. J’ignorais ce jour-là que tu mettrais ta vie encore plus en danger, même en étant dans les mains du personnel médical désarmé et que tu renoncerais à vivre une vie normale.
J’ai refusé de voir tout ça même si je savais que tu avais de plus en plus changé à l’annonce de ma deuxième grossesse, que tu sombrais au fond de l’abîme.
L’assistance sociale qui m’a forcé à prendre ta tutelle et qui a décidé avec le personnel médical de te placer en EHPAD le jour de tes 60 ans. Un an et neuf jours après.
5 ans ont passé depuis ce fameux coup de fil. 5 ans que par moments, WonderBoy pleure, ne comprend pas pourquoi tu ne parles pas, que tu lui poses jamais une seule question. Il en a bavé de cette situation mon ptit gars, lui que tu avais gardé pendant 18 mois, en alternance avec la halte-garderie et moi. Il n’a pas compris pourquoi tu l’avais rejeté du jour au lendemain, peu avant ses 3 ans Personne n’a su à l’époque, que, faute de mode de garde suffisant, j’ai pris des congés sans solde certains jours pour le garder, enceinte de 3 mois, malade comme un chien avec des travaux de gros oeuvre à la maison.
Après un passage où il ne parlait pas de tout ça, WonderBoy, du haut de ses 8 ans et demi, m’a dit l’autre jour “mais pourquoi ma grand-mère est malade, elle ne parle pas, pourquoi je ne peux pas avoir une grand-mère qui s’occupe de moi ?”. Eh oui il envie son meilleur ami qui a la chance d’avoir une mamie qui va le chercher à l’école, l’emmène au parc…
Pour mes derniers, c’est plus simple, ils l’ont toujours connu comme ça et je ne sais pas si WonderKid se sent différent, il n’en parle pas. Il me demande parfois si Mamie est contente des cadeaux qu’on lui offre vu qu’elle ne réagit pas.
Depuis 5 ans, je tente de maintenir le lien…Bien sûr autour des moments de fête où nous allons la voir, où je maintiens l’échange des cadeaux, même si c’est moi qui les choisis (WonderBoy le sait et ça l’attriste quelque part). Nous la voyons au moins une fois par mois. Le personnel médical refuse même que nous la prenions, même pour quelques heures, “ça la choquerait trop”…le seule sortie qu’elle a fait, c’était à l’occasion de la naissance WonderGirl. Quelle émotion quand je l’ai vu arriver dans la chambre, même si un coup de fil m’avait préparé…
Depuis 5 ans, y’a la petite fille qui se blottissait contre sa maman quand elle avait du chagrin qui aurait bien envie par moments de pouvoir encore se confier à sa maman. Elle voudrait lui redonner le sourire et trouver une baguette magique pour que sa maman guérisse. Elle voudrait lui faire comprendre que la vie est belle malgré tout et que trois autres enfants ont besoin de leur Mamie, pas une mamie parfaite mais une Mamie qui les regarde un peu parce que c’est pas marrant d’avoir une Mamie malade quand on ne comprend pas trop pourquoi.
5 ans que tu nous manques, Maman, même si tu es toujours là…là sans être là 🙁
Une cargaison de bisous
Merci ma belle <3
Quelle dure et triste histoire…Nous savons tous qu’un jour c’est nous qui prendrons soins de nos parents, mais pas si vite, pas si jeunes…
De tout cœur avec toi dans ce silence, cette présence-absente qui vous pèse tant.
Merci !
[…] Ca fait déjà 5 ans que leur grand-mère est malade, comment expliquer ça aux enfants […]
C’est tellement difficile de voir ses parents décliner ! Les miens vont à peu près bien mais je les vois vieillir quand même et ça fait mal au cœur, alors je n’imagine même pas ce que tu dois ressentir ! Plein de courage 😉
Merci ! Le plus dur, c’est que j’ai perdu mon papa très jeune (j’avais 14 ans) alors je pensais naïvement que je “profiterai” de ma maman…
Un article émouvant qui me fait briller les yeux, c’est malin, surtout au boulot…
Pas facile à vivre et aucun conseil, critiques ou blabla pour formaliser la chose ne pourra faire revenir ta maman, sauf, si comme tu dis, un coup de baguette magique (de marraine la bonne fée ?), lui fera prendre conscience, que la vie c’est génial !
Merci pour ton soutien.
Poignant ton article ! De quoi souffre ta maman si c’est pas indiscret ?
Tu as réussi à parler à ton 8 ans pour qu’il sache pourquoi mamy ne peux pas s’occuper de lui ?
Absente ici aussi mais pour un autre contexte.
Dépression, TCA et syndrome parkinsonien…oui on lui a déjà parlé, il “sait” en théorie mais il ne la voit pas décliner “plus” depuis quelques temps (son état est stable) donc il ne comprend pas pourquoi elle ne va pas mieux. Quand lui est malade, il prend ses médicaments et finit par aller mieux alors il ne comprend pas pourquoi ça ne marche pas pour elle…
Sans aller jusqu’à ce point, on connait bien ça dans la famille, ma mère a un cancer. Il y a des hauts, des très bas, on ne cache rien aux enfants de la famille. Curieusement, je pense que le plus sensible c’est mon grand frère qui a un rapport difficile à la maladie ou la fin de vie. Les moins de 15 ans de ma famille profitent de chaque moment avec leur grand mère et se fichent royalement qu’elle ait des cheveux ou pas (selon le traitement), une perruque, une foulard, pas de sourcils.. Ma grand mère est partie alors que depuis des années elle ne nous reconnaissait plus, et que tu aies 5 ans ou 30 ans, ça fait très mal de voir quelqu’un qu’on a aimé et avec laquelle on a partagé beaucoup de choses sans aller comme ça. Ca n’était pas Alzheimer selon les médecins, juste de la sénilité. J’ai amené mon fils tout bébé la voir dans sa maison de retraite et je suis heureuse de me dire que “plus tard” il verra des photos de lui avec son arrière grand mère même si lui ne s’en souviendra pas. Quand elle le voyait, curieusement, elle se mettait à raconter plein de choses qu’elle ne disait plus, tout le monde disait qu’elle n’avait pas autant parlé depuis longtemps, alors quoi qu’on en dise, par moment, des connexions se font, et malgré tout, un partage se fait. Il ne faut jamais perdre espoir, c’est la famille, ce qu’on a de plus important. Courage
Merci pour ton témoignage poignant. Le “pire” c’est qu’en “théorie” ma mère est loin d’être mourante à présent (ce n’était pas le cas il y a 5 ans, elle l’a échappé belle)…
tu m’a faite chialer. Et repenser à ma mamie à moi. J’ai vécu ça quand heureusement j’étais déjà plus vieille, j’avais 20 ans, et je l’ai accompagnée de toute mon énergie et de tout mon amour.
Mais que d’émotions aussi vécues, de frustrations parfois.
Grosses bises.
Oui j’imagine, désolée de t’avoir fait pleurer (m’enfin moi j’ai bien pleuré en l’écrivant lol)
Je suis une petite nature, je suis en larme après avoir lu ton article poignant !
Pas facile d’expliquer ça à un enfant, pas facile non plus pour toi.
Je t’envoie une tonne de bisous,
Merci <3
Je suis très touchée par ton billet
Mes yeux sont larmoyants
Je ne peux même imaginer tout ça
Merci…
♥♥♥
Merci <3
Ton article est très émouvant. En effet, ce n’est pas facile ces situations. J’ai perdu mon papa à l’âge de 3 ans et je me suis donc raccrochée à ma maman dont je suis très proche, du coup le fait de très peu se voir par rapport à la distance où nous habitons est difficile mais au moins on peut se téléphoner …
Je te fais plein de bisous, bon courage, je pense à toi !
Un peu comme moi, j’ai perdu mon père à 14 ans, on s’est rapproché, serré les coudes…je pensais que mon bonheur lui permettrait un peu d’être heureuse mais bon…non 🙁
Les enfants sont des éponges à émotion… à tout hasard est-ce qu’il y a une psychologue dans l’EHPAD de ta maman ? ça peut être bien pour toi et WonderBoy, mettre des mots, écouter les mots de ton bonhomme et que ce soit une tierce personne qu lui explique…
Pas simple… et 60 ans c’est super jeune et pas forcément dans l’ordre des choses…
Courage
Oui mais elle ne vient qu’une fois par mois et uniquement pour les patients…
la maladie, quelle chienne! Et à 60 ans en plus, si jeune… plein de courage, je connais la situation mais je n’ai pas le courage de me livrer comme toi. plein de pensées positives.
Plein de courage pour toi également alors
un billet très touchant… courage à vous tous <3 <3 <3
Merci !
Très émouvant, le genre de témoignage qui me sert la gorge et le cœur, et me met les larmes aux yeux :/
Ayant perdu mes grands parents très tôt j’ai peur que cela se reproduise surtout quand je vois mon père décliner… (prise de médicaments quotidienne, perte de poids, tout le temps des problèmes et malgré tout devoir continuer de travailler… C’est ça d’avoir son commerce :/ )
Plein de courage dans ces durs moments !
Merci et bon courage à ton papa et toi.
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