Qui n’a pas dans sa famille de secrets de famille ? Il s’agit de sujets tabous, de non-dits qui pèsent parfois lourdement entre les personnes de la même famille. Puis, il y a ces secrets, transmis sur le ton de la confidence, aux générations suivantes, bien après le décès des principaux concernés. Il y a enfin ces vérités assenées aux proches, travestissant le passé. La généalogie m’a permis souvent de confronter fiction et réalité, tout en offrant nombre de révélations. Voici quelques découvertes que j’ai pu faire sur ma propre famille. A travers ces petits morceaux de vie, je vous explique comme je m’y suis pris pour rétablir les faits.

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Secrets de famille : les vérités au-delà de la légende familiale

“L’Allemande”

Quand j’étais petite, ma grande-tante, qui avait vécu les deux guerres, parlait souvent du courage qu’avait eu la grand-mère de sa belle-sœur, face à un mari ivrogne, qui avait dû s’enfuir, enfants sous le bras, loin de lui. Elle était divorcée à une époque où peu de personnes l’étaient. Mais surtout elle était surnommée “l’Allemande”. Alors, qu’en était-il ? Ai-je vraiment du sang allemand dans les veines ?

J’avais son nom, Mayer, qui sonnait en effet “allemand”. Je connaissais la date de naissance de son fils, mon arrière-grand-père. A part de son acte de naissance, j’ai pu ainsi remonter et trouver l’acte de mariage de cette dame. Mariée à Lille en 1880, elle avait dû en effet, donner les dates de naissance et de décès de ses parents et grands-parents pour la cérémonie. J’ai appris également qu’elle était née en 1856 dans les Vosges, département français depuis 1790. Ses parents et grands-parents étaient alsaciens et nés à des périodes où l’Alsace était française. A ce jour, je suis remontée encore trois générations au-dessus de ses grands-parents sans rencontrer de personnes allemandes.

Légende infondée.

La tête brûlée

Dans la famille, je demande le mouton noir, fils de l’Allemande, mon arrière-grand-oncle, Daniel D. C’est cette même grand-tante qui m’en a parlé pour la première fois. Ses récits furent corroborés par ma mère selon ce que mon père lui avait dit.

C’était l’omerta sur lui, Celui dont on ne devait pas prononcer le nom. Ma mère et ma tantine m’ont dit qu’il avait claqué la porte de sa mère, disant qu’il allait s’engager dans l’armée allemande (décidément…). Il n’aurait plus jamais donné de nouvelles.

Je me suis mis en quête de son acte de naissance que j’ai fini par retrouver. C’est par le biais des registres matricules que j’ai réussi à trouver sa trace.. En effet, il suffit d’avoir l’année de naissance d’un homme, d’y ajouter 20 ans et d’obtenir ainsi sa “classe”. Les fiches signalétiques ayant mises sur le web par les Archives départementales, j’ai pu retracer son parcours.

A 20 ans, il vivait en effet seul, dans un village du Nord, comme maquignon. J’ai trouvé sa trace sur les registres de l’immigration d’Anvers. Il n’a pas dû embarquer pour l’Amérique car ça aurait été noté sur sa fiche militaire. Après la Première Guerre mondiale où il a combattu côté français , il a intégré l’armée française. Il a fini sa vie à Bordeaux où il s’est marié. A-t-il un jour essayer de se rapprocher de sa famille ? Je ne le saurai jamais mais j’en doute fortement…

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secrets de famille, photo via Pexels

Secrets de famille : les découvertes aux archives

“Le Saint Homme”… pas si saint que ça

Ma grand-tante me parlait également de son oncle, homme d’une grande bonté, pieux etc… Il n’avait pas fait son service militaire car son frère était mort pendant son service militaire. Ma consultation de sa fiche signalétique a conforté ce fait mais pour une raison de santé : un fort psoriasis. Pourtant, mon frère ainé était bien mort sous les Drapeaux mais ce n’était pas signalé.

Cependant, je ne fus pas au bout de mes surprises. J’ai découvert qu’il avait fait deux fois de la prison, pour une dizaine de jours, pour “bris de clôture” et “coups à agent”. En 1915, il fut quand même appelé sous les drapeaux mais les autorités ne l’ont pas trouvé dans les pays “prenant part au conflit”. Où fut-il allé ? Fin 1918, il était pourtant à Lille pour y épouser une jeune fille et mener cette vie dont on m’a parlé. Il a sans doute voulu se racheter.

“Le pauvre homme”

Pour finir, laissez-moi vous raconter la vie de mon arrière-grand-père, Louis C. Mort avant la naissance de ma mère, sa petite-fille, à l’âge de 60 ans, en pleine WW2, il était de notoriété publique qu’il n’avait pas eu la vie facile. Mais on n’en savait pas plus, mon arrière-grand-mère ayant même caché leur date de mariage quasiment jusqu’au bout de sa vie. On savait juste qu’il était veuf sans enfants lors de son “second” mariage.

J’ai donc décidé de retracer un peu son parcours. Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant dans l’acte de mariage de mes arrières-grands-parents qu’il s’était marié 7 mois avant la naissance de mon grand-père, beau bébé de 4 kilos à la naissance. Sa fille, qui connaissait la date du mariage, nous a alors avoué que sa mère avait honte d’avoir “péché” 😉 avant le mariage.

Cependant, ce ne fut pas ma seule découverte ! J’ai découvert qu’il n’était pas veuf qu’une fois mais deux ! Je me suis mise en quête des deux premiers actes de mariage (qui ne m’ont rien appris de plus croustillant). Il avait vécu toute sa vie dans son village natal avant de se marier avec mon arrière-grand-mère.

En revanche, les tables décennales m’ont appris qu’il avait eu un enfant de chacun de ses précédents mariage :

  • un garçon décédé à l’âge de deux mois ;
  • une fille décédé à l’âge de 5 ans, début 1918 soit pile 2 mois après de décès de sa deuxième épouse.

Les dernières découvertes, poignantes, me furent données par sa fiche signalétique. Ce fut un Poilu, blessé par un éclat d’obus au talon pendant les premiers mois de la guerre. Cette blessure fut suffisamment importante pour qu’il ne retourne sur le champ de bataille que 9 mois plus tard. Puis ce fut Verdun. Il a été fait prisonnier et est parti dans un camp en Allemagne. Il est revenu en décembre 1918. Quelques jours plus tard, il perdait sa fille, alors qu’il était veuf depuis 2 mois. Les conditions de vie en Allemagne furent très dures car j’ai retrouvé l’histoire de son camp sur le Net,ce qui explique sans doute son empressement auprès de mon arrière grand mère, belle-sœur de son beau-frère ;-).

Je suis heureuse d’avoir pu retracer son histoire et d’avoir découvertes mes “petits” grands oncle et tante, oubliés de tous depuis…

Et vous, seriez-vous prêts à découvrir la vérité sur vos secrets de famille ?

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