Quand j’attendais WonderBoy, j’ai cru que le pire était enfin derrière nous. Je pensais que, même s’il n’avait plus qu’un seul de ses grands-parents, WonderBoy connaîtrait ce que moi-même je n’ai pas connu : avoir une grand-mère présente et aimante. Mais avec les complications de la grossesse (j’ai passé deux mois au CHR pour retarder le plus possible sa naissance), les vieux démons de ma mère ont ressurgi. Né en bonne santé, je pensais qu’elle allait remonter la pente. Elle s’est rapprochée géographiquement de moi, elle a acheté la maison qu’elle avait toujours voulu acheter avec mon père, à deux rues de chez moi.

Et puis ma deuxième grossesse. Sa chute dans les médicaments, l’anorexie, la dépression. Jusqu’à ce fameux 20 mars 2009, son départ pour l’hôpital dont elle n’est jamais revenue, là sans être là, pendant si longtemps. Parkinson qui s’est ajouté au tableau, les maladies nosocomiales, la chute vertigineuse de poids (31 kg alors qu’elle était hospitalisée).

Jusqu’à ce miracle de Pâques 2014 où ma fille a su l’éveiller. La lente progression jusqu’au jour où sa gériatre m’a dit qu’elle avait les droits de sortie. Une annonce miraculeuse…sa semaine de vacances en Vendée, ses prochaines vacances dans les Flandres à la fin du mois… la fête pour mes enfants et moi lors de ce dimanche presque ordinaire et un Noël 2015 inoubliable.

Mais je ne t’ai pas tout dit. Voilà plusieurs fois où les infirmières me parlent du retour de ses angoisses nocturnes, de ses cris. C’est elle-même qui m’a dit qu’elle ne dort plus bien la nuit. C’est une dame avec qui j’ai discuté lundi à son EHPAD qui m’a confié sa crise de larmes récentes en plein réfectoire et un visiteur qui est resté près d’elle à lui parler…

J’ai peur qu’elle replonge. Je sais que ce que m’avait dit la gériatre l’an dernier : “profitez du mieux mais l’anorexie on n’en guérit jamais. Et la dépression grave peut revenir”.

Là j’ai peur que tout ça est tout proche d’elle. Je la connais si bien. Et je sais aussi que je suis impuissante. Je la revois souffrir malgré l’amélioration de ses conditions de vie (depuis octobre elle va au PASA, un accueil de jour au sein de son établissement où elle fait des activités pour la stimuler).

Je sais que côté anorexie elle est “entre de bonnes mains”. Ils la tuyauteront de force s’il le faut comme les premières années. Mais au niveau psy ? Comme faire pour empêcher la rechute ? Pour elle et égoïstement, pour les enfants et moi. Ce fut si dur surtout pour les garçons d’avoir cette mamie absente. Ils sont si heureux maintenant quand elle répond à leur question.

 

Et si elle replonge… comment le supporterais-je, une seconde fois ?

 

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